Depuis 1993, le Royaume du Maroc ne pratique plus de fait la peine de mort. Si la peine capitale continue à être infligée à des condamnés, son moratoire empèche son application. A l’occasion de la 19e journée mondiale contre la peine de mort, des artistes, écrivains et intellectuels marocains lancent une campagne de mobilisation pour inscrire l'abolition de la peine capitale à l'agenda politique du nouveau parlement marocain. Pour alimenter le débat, pas moins de trente-sept d'entre eux ont contribué au beau-livre «Le droit de vivre. Une initiative citoyenne pour l’abolition de la peine de mort», publié à l’initiative de la Fondation Ajial, et présenté le samedi 09 octobre à la Maison Denise Masson, à Marrakech en présence du Représentant de la Délégation européenne au Maroc et du Délégué général Wallonie-Bruxelles au Maroc.
Cet ouvrage était présenté lors d’une table-ronde où ont pris la parole des personnalités et les principales associations abolitionnistes nationales et internationales, suivie d’une conférence du philosophe Ali Benmakhlouf.
Dans sa préface du livre, Driss El Yazami a rappelé qu’avec tous les créateurs qui ont bien voulu répondre à l’appel, les contributeurs à ce livre souhaitent élargir l’alliance pour l’abolition et contribuer à ce débat auquel S.M. le Roi avait appelé dans son message adressé aux participants du Forum mondial des droits de l’Homme de Marrakech: «Nous nous félicitons du débat, autour de la peine de mort, mené à l’initiative de la société civile et de nombreux parlementaires et juristes. Il permettra la maturation et l’approfondissement de cette problématique». Pour l'ancien Président du CNDH, les contributions rassemblées dans ce beau livre font le tour de ce débat et présentent tous les arguments qui plaident pour l’abolition. Mais il y en a un auquel, dit-il, «je suis particulièrement sensible: ce double effroi de l’attente et de l’incertitude que le condamné doit ressentir dans le couloir de la mort».
Treize plasticiens marocains présentent également leurs oeuvres dans une exposition intitulée: «Le droit de vivre» inaugurée le même jour au Musée d’art et de culture de Marrakech (MACMA). Celle-ci sera ouverte au public jusqu’au mois de février 2022.
Selon le communiqué des organisateurs, le mouvement abolitionniste s’est renforcé au Maroc ces dernières années avec la création d’une Coalition marocaine contre la peine de mort, puis des réseaux de parlementaires, d’avocats, de journalistes et d’enseignants. A sa création, est-il expliqué, le réseau des parlementaires a compté jusqu’à 204 élus (sur 515) issus de presque tous les partis politiques. Et de citer l’article 20 de la Constitution 2011 qui proclamait que « Le droit à la vie est le droit premier de tout être humain. La loi protège ce droit ».
Le vernissage de l’exposition, le lancement du livre et les débats du 9 octobre sont inscrits au programme des activités mondiales organisées par la coalition Ensemble contre la peine de mort et bénéficient du soutien de la Fondation Ajial qui porte ces manifestations, de Wallonie-Bruxelles international et de la Délégation générale Wallonie-Bruxelles au Maroc, de l’Institut français de Marrakech, de la Maison Denise Masson, du Es Saâdi Marrakech Resort et du Musée d’art et de culture de Marrakech, conclut le communiqué.
Cette initiative citoyenne a été lancée par Driss El Yazami, ancien président du Conseil national des droits de l'homme (CNDH),Younès Ajarraï, directeur artistique de Marrakech 2020, puis de Rabat Capitale africaine de la culture, et Mahi Binebine, artiste plasticien et écrivain, qui, convaincus que la peine de mort est inhumaine, injuste et inefficace, ont voulu renforcer la dynamique abolitionniste au Maroc en sollicitant intellectuels et plasticiens, faisant ainsi le pari de la culture comme moyen d’élargir la mobilisation pour l’abolition.
Pour poursuivre le débat, lire l'entretien avec Younès Ajarraï ici.