Sans aucun doute, la lutte contre le réchauffement climatique est l’un des sujets les plus poignants de cette décennie. Aujourd'hui hui, tout le monde, dans la sphère de la société civile, politique et scientifique, s'accorde sur le constat qu'à court, moyen et long terme, nous sommes soumis à un réchauffement climatique massif qui a des effets catastrophiques sur notre santé et notre économie.
Une première mesure efficace pour contrer ce réchauffement est la réduction des gaz à effet de serre. Ce qui impose une adaptation du mode de vie que nous menons, en agissant non seulement sur les causes, et donc notre manière de produire, mais également sur les conséquences, ce qui implique un nouveau mode de consommation surtout pour les société moderne.
Alors comment les universités belges et marocaines collaborent-elles pour apporter des solutions pour cette transition ?
En témoignent les nombreuses collaborations académiques entre les universités belges francophones et les universités marocaines qui travaillent ensemble pour une meilleure adaptation au changement climatique, notamment dans le domaine de l'agriculture, de la protection de la biodiversité.
Des projets universitaires qui visent l’adaptation des activités et des modes de production industrielle et agricole, de consommation, des politiques publiques d'aménagement du territoires, de l'urbanisme, etc. Les résultats de ces projets de recherche devraient contribuer à engendrer une réduction progressive des conséquences du réchauffement climatique et créer les métiers de demain.
Concrètement, quel type de projets développent les universités du Maroc et de la Fédération Wallonie-Bruxelles pour faire face au réchauffement climatique?
- Fours et plaques de cuisson innovants à l’énergie solaire photovoltaïque * (Université Mohamed 1er - Université de Mons )
Ce projet concerne le développement et la mise en place au Maroc de dispositifs pilotes innovants de fours et plaques de cuisson à haut rendement et température élevée (au-delà de 300°C), réglable suivant la nature de la cuisson et à bas coût. Ceux-ci sont destinés à chauffer ou sécher des aliments à l’extérieur comme à l’intérieur des foyers d’habitation en utilisant les énergies solaires thermique et photovoltaïque.
- Formation aux spectroscopies de l’environnement de la nanochimie * (Université Mohamed 1er - Université Catholique de Louvain)
Ce projet vise la formation professionnelle à la nanochimie, spectroscopie Mössbauer et insertion socio- économique des doctorant(e)s ainsi que le renforcement de leurs capacités d’autonomisation à travers le renforcement des connaissances des équipes de recherches en matière de nanomatériux et à spectroscopie de l’environnement.
- Appui à la politique agricole d’adaptation et résistance au changement climatique * (Institut National de la Recherche agronomique - Université de Liège)
Ce projet vise à renforcer l’outil FAO-MoSAICC (Modeling System for Agricultural Impacts of Climate change) pour contribuer à la résilience au changement climatique par la mise en place d’un outil de simulation et d’information dans le domaine de la politique agricole.
- Gestion durable et participative de la ressource en romarin dans l’Oriental * (Direction régionale des Eaux et Forêts et de la Lutte contre la Désertification de l'Oriental - Université de Liège)
Ce projet propose de renforce le système mis en place pour la Direction Régionale des eaux et de forêts et de lutte contre la désertification de l’Oriental en introduisant les techniques de la télédétection et des systèmes d’information géographique ainsi que la modélisation agro météorologique de la croissance du romarin, qui constitue un remarquable exemple de valorisation d’une ressource naturelle renouvelable par les populations locales qui leur fournit des revenus complémentaires et améliore leur niveau de vie.
- Accueil du public au sein du centre d’information de trois parc nationaux Toubkal, Al Hoceima, et Ifrane * (Direction de la lutte contre la désertification et de la protection de la Nature - Institut d'Eco-écotopiel liée à l’ULg)
Ce projet vise à renforcer les capacités des gestionnaires de ces Parcs Nationaux en matière de communication, sensibilisation et éducation à l’environnement, à travers un échange de connaissance et des formations dans ce domaine.
- Modélisation de l’intelligence territoriale collective * (Université International de Rabat – UIR / Université de Mons )
Ce projet vise à accompagner la transition socio-économique de territoires fragiles en Wallonie et au Maroc. Il se base sur la capacité des sociétés à faire émerger un savoir-faire collectif conjuguant les compétences disponibles sur leur territoire : l’intelligence territoriale collective (ITC).
- Elevage : entre pratique traditionnelle et production intensive ** (Institut National de la Recherche Agronomique et Université de Namur)
Ce projet contribue à l’amélioration de la productivité de l’élevage de petits ruminants dans les régions de Tanger et de Settat, au travers de nouvelles options alimentaires, la mise au point de techniques de reproduction innovantes et l’application de mesures sanitaires plus efficaces. L’approche sociologique doit aussi permettre des échanges de savoirs entre éleveurs et une meilleure compréhension du rôle des différents membres de la famille dans les élevages.
- Les pesticides, une menace pour l’homme et son environnement ** (Université Moulay Ismaïl et Université catholique de Louvain)
Ce projet vise à renforcer la capacité universitaire en matière de santé environnementale. Il prévoit, d’une part, l’analyse des risques environnementaux et l’évaluation de l’exposition aux pesticides et de leurs effets sur la santé et, d’autre part, la diffusion des résultats de recherche auprès des professionnels de la santé et autres acteurs concernés par cette problématique. A travers les activités de recherche et d’information à la société, le projet entend augmenter la capacité d’anticipation et de gestion des acteurs locaux de la région Meknès-Fès en faveur de la résilience de la société.
- Le potentiel économique de la datte marocaine ** (Université Mohammed Premier – Oujda et Université libre de Bruxelles)
Le projet consiste à enrichir les capacités de recherche et d’intervention de l’UMP à Oujda (volet technique), de l’Ecole Nationale de l’Agronomie de Meknès ainsi que de l’Université Al Akhawayn d’Ifrane (volet socio-économique). Il prévoit non seulement des activités de formation mais aussi la mise à disposition d’un réseau d’experts scientifiques. Enfin, un programme de recherche et développement couvrant les principales disciplines scientifiques requises sera mis en place pour répondre le plus efficacement possible à la demande des phœniciculteurs.
En plus de ces trois projets de recherche, 9 boursières et boursiers ont suivi ou suivent en 2021 des Masters de spécialisation dans les universités belges francophones. Jeunes professionnel·le·s au Maroc, ces personnes se spécialisent dans des matières importantes dans le cadre de la lutte contre le réchauffement climatique, la gestion de l’’environnement et la logistique des transports.
* La 7e commission mixte permanente entre la Fédération Wallonie-Bruxelles, la Wallonie et le Maroc qui s'est tenue en novembre 2017 a adopté un programme de travail pour la période 2018-2022 qui se décline en 27 projets de coopération financés par le gouvernement marocain et Wallonie-Bruxelles International.
** L'Académie de Recherche et d'Enseignement supérieur - ARES de la Fédération Wallonie-Bruxelles coordonne les programmes de coopération académique et scientifique au développement mis en œuvre par les universités, les hautes écoles et les écoles supérieures des arts de la Fédération Wallonie-Bruxelles et financés par la coopération belge au développement.